Wided Zoghlami vient de réaliser son premier long métrage documentaire « Fathallah TV », actuellement sur nos écrans. Pour nous parler de cette première aventure, elle nous a accordé cet entretien.
Quand est-ce que vous avez commencé à tourner Fathallah TV… C’est un documentaire qui a tout de même pris beaucoup de temps …
J’ai commencé en 2007 à faire ce documentaire. A l’époque, ce n’était pas facile de faire ce genre de film sous le régime en place. C’était un tournage « sous le manteau » comme on dit. Ça m’a demandé également plus de temps parce que j’étais à la recherche d’un producteur. En 2016, je me suis rendu compte que le matériau filmé aura bientôt dix ans et qu’il fallait reprendre le tournage du film et faire un bilan sur cette décennie.
Il y a deux axes dans le film : l’histoire de ces jeunes musiciens qui vivent dans le quartier de Fathallah et votre propre récit, celui qui parle de votre personne. C’était un choix depuis l’écriture ou c’est venu en tournant ?
C’est plutôt le film qui a imposé mon personnage et mon récit personnel… C’était dans un élan de recherche de sincérité. J’étais devenue un élément de la vie de ces jeunes, j’étais dans leur quotidien au point que je suis devenue un personnage. Cela dit, dans le film j’ai essayé de ne pas avoir le même poids que les autres, c’est pour cela que j’ai fait seulement quelques apparitions entre images et voix–off. De plus, sur ce tournage, il y avait mon ombre qui planait et pas celle de la réalisatrice. Il fallait intégrer ce point de vue pour être sincère.
C’était difficile d’harmoniser l’axe de l’histoire avec votre propre récit ?
J’ai essayé de doser au maximum et de cibler au maximum ce que je voulais dire par ma présence.
C’est difficile de réaliser un premier documentaire en Tunisie ?
En Tunisie oui ! Déjà pour réaliser un film, tout court, c’est difficile ! Mais j’ai eu la chance d’avoir Riadh Thabet comme producteur en 2016, il m’a beaucoup soutenue.
C’est votre premier documentaire : que vous a-t-il apporté sur le plan personnel ?
Ce documentaire est en fait un bout de ma vie ! Pour moi, il est spécial et je n’en ferai aucun autre comme celui-ci. J’ai appris aussi que dans la vie, le fait d’être entêtée n’est pas mal….
Que vous a-t-il appris sur la société tunisienne ?
C’est qu’on vit dans une société qui empêche les jeunes de rêver ou de réaliser leurs rêves. C’est dommage qu’il y ait des millions de jeunes qui n’arrivent pas à se projeter dans l’avenir. Je trouve que c’est une société très oppressante pour la jeunesse. Il n’y a pas d’horizon en vue…